lundi 18 avril 2011

Cinq questions à Nicole Mutolo Zita Dya Nza (*)

"Nous sommes convaincus que le développement politique et socio-économique de la RD Congo dépend en grande partie, entre autres, de l’évolution des mentalités."

1. Depuis le début de l’année, le mouvement dont vous faites partie s’oppose à l’organisation des concerts des artistes musiciens congolais en France. Que leur reprochez-vous ?
Nous tenons à préciser que les musiciens congolais ne sont pas nos ennemis, mais nos compatriotes qui ont fait le choix d’être les ambassadeurs de la culture congolaise par le biais de la chanson et de la danse. Comme tels, surtout à un moment où s’exprime expressément la nécessité de la cohésion nationale, ils sont censés véhiculer les vraies valeurs congolaises allant dans le sens du patriotisme et du « vivre ensemble ». Nous leur reprochons donc de privilégier les anti-valeurs, lesquelles valorisent l’avilissement de la femme congolaise, de faire l’apologie de l’incivisme, d’abrutir notre jeunesse et de glorifier les personnes dont le seul intérêt consiste à asservir le peuple congolais au profit d’une infime minorité et des puissances économiques qui essaient à la fois de faire main basse sur nos richesses et de balkaniser notre pays.

2. Que recouvre exactement l’appellation « Combattants » ?
Les premiers « Combattants » se sont distingués à Londres à travers des représailles contre certains musiciens et politiciens congolais de passage en Angleterre, à qui l’on reprochait souvent leur attitude peu patriotique. Les Congolais de Bruxelles ont ensuite emboîté le pas à nos compatriotes londoniens. L’appellation « Combattants » a, de nos jours, complètement évolué. En effet, grâce au génie d’une partie de l’intelligentsia de la diaspora congolaise de Paris, une connexion s’est faite entre les sphères politique, associative et combattante : d’où la transformation des « Combattants » en « Patriotes Résistants Congolais », qualificatif n’ayant désigné que, jusque-là, les seuls auteurs de l’insurrection de Dongo. En France, quelques militants ont donc compris la nécessité d’une lutte menée collectivement par les Congolais pour la libération totale de la RD Congo, indépendamment de leurs différentes chapelles. Cette mutation a été possible grâce à la rencontre de quelqu’un de la trempe de Lonsi Koko, de ses amis d’Union du Congo comme Kcreascence ainsi que de leurs alliés Alain et Patricia du mouvement Devoir de mémoire, Tshisthi et Noël Hedou de l’Union des Socialistes Congolais, Ernest de Bundu dia Kongo... avec les combattants comme Odon, maître Babin, Youyou, Martin Sally, David, Patcheli... et d’autres personnes qui n’appartiennent à aucune structure officielle, comme Guy-Gérard... Cette rencontre a sans doute su apporter une nouvelle dimension au mouvement qui avait été initié à Londres. Nous espérons que la récente dynamique sera davantage consolidée par l’adhésion de la majorité de nos compatriotes aux différentes actions en vue des combats à venir.

3. Quel objectif poursuivez-vous ?
Nous sommes convaincus que le développement politique et socio-économique de la RD Congo dépend en grande partie, entre autres, de l’évolution des mentalités. Notre objectif, c’est de faire en sorte que tout citoyen congolais, surtout les leaders d’opinion comme les musiciens, apporte sa contribution à l’initiative pour la conscientisation de nos compatriotes. Dans cette optique, nous mènerons, dans le cadre du collectif des de la RD Congo en France, des campagnes pour l’émergence d’une nouvelle vision congolaise – s’agissant de la gestion de la chose publique, du respect des droits fondamentaux de la personne humaine, de la relance économique, du progrès social, de nos rapports avec nos voisins et le reste du monde...

4. Que répondez-vous à Papa Wemba qui vous a tendu la main dans les colonnes de ce journal ?
Nous lui répondons qu’il aurait mieux fait de saisir l’opportunité qui lui a été donnée sur les ondes d’Africa n° 1, quand on lui avait proposé que les représentants des artistes musiciens, des acteurs politiques, des pasteurs et des militants associatifs puissent s’asseoir à la même table dans le but de définir une charte de bonne vie et de bonnes mœurs. Mais, dans certaines circonstances, il vaut mieux tard que jamais. Il revient maintenant à Papa Wemba de se mettre d’accord avec d’autres artistes congolais afin de solliciter une éventuelle rencontre avec nos représentants, sachant que ces derniers sont ouverts à tout dialogue mais dans le respect de quelques préalables.

5. Accepteriez-vous de discuter avec les autorités congolaises à ce sujet ?
Il nous paraît pertinent que les autorités congolaises négocient globalement avec les Congolais de la diaspora, toutes tendances confondues, dans l’espoir de trouver des solutions non seulement à la problématique d’une certaine musique congolaise, mais aussi apporter des réponses aux réalités concernant à la fois les droits de vote et d’éligibilité des Congolais de l’étranger, la reconnaissance de la citoyenneté étrangère détenue par les Congolais d’origine, la représentation des Congolais de la diaspora au sein du Parlement et dans des institutions économiques, l’alternance politique...

PROPOS RECUEILLIS PAR ROBERT KONGO, CORRESPONDANT EN FRANCE

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